Les hommes ou femmes d’Eglise de nos villages
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François GONTARD 1797 – 1864
A Eymeux une pierre tombale dressée contre le choeur de l’église mentionne un curé natif de Meymans.
Le terre plein situé au nord de l’église occupe probablement l’emplacement de l’ancien cimetière
“Ici repose François Gontard, curé d’Eymeu,
né à Meymans le 26 mard 1797,
décédé à Eymeu le 20 9bre (novembre)
l
Source: Jean Michel Effantin
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L’Abbé Fortuné SIBEUD
Curé de la paroisse de 1864 à 1884
Plaque dans l’église St Nicolas de Beauregard
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LA CROIX DIMANCHE 25, LUNDI 26 SEPTEMBRE 1910
Un Précurseur
Voici un livre écrit il y a vingt ans, par une main que la mort a déjà
glacée, et qui est un commentaire anticipé prophétique, dirions-nous, tant il
est précis du récent Décret de Pie X sur l’âge de la Première Communion.
L’ouvrage de l’abbé Sibeud, du diocèse de Valence, intitulé la Loi d’âge pour
la Première Communion, vient d’être recueilli par de pieux amis et réédité
avec ce sous-titre : Commentaire historique, théologique et pastoral du Décret
« Quam singulari » .
L’abbé Sibeud est résolument opposé à la coutume de la Première
Communion à 12 ans, et cela sur bonnes preuves qu’il expose clairement.
L’origine, du reste, de cette coutume, lui est tout de suite suspecte elle vient en
droite ligne du jansénisme. Or, on sait l’influence déplorable et latente exercée
par cette erreur sur la vie chrétienne. Elle n’allait à rien moins qu’à faire d’une
religion d’amour un culte de terreur. Sous ce fallacieux prétexte que les
sacrements « sont la récompense d’une vertu longuement éprouvée et solidement
affirmée », le jansénisme prétendait que « la communion est pour les aigles, non
pour les âmes qui rampent sur la terre ». Le malheur voulut que ce préjugé prît
corps et aboutît insensiblement à la « tradition » dont Pie X vient d’affranchir
les petits enfants.
D’ailleurs, Pie X n’a rien innové il n’a fait que requérir l’application des
canons portés par le Concile de Trente et exiger qu’on s’en tînt aux règles du
Catéchisme Romain, canons et règles déjà contenus dans les Décrets du
quatrième Concile de Latran. Il serait trop long de citer ici les textes euxmêmes.
Constatons avec l’abbé Sibeud qu’ils se réduisent à ceci « Que tout
fidèle parvenu à l’âge auquel on distingue le bien du mal se confesse au moins
une fois l’an, en communiant au moins à Pâques. » De là se dégage un principe,
dont le Concile et le Catéchisme de Trente urgeront l’application « Tous
ceux qui ont l’âge de raison sont tenus à la communion pascale. »
Il est vrai que l’on peut se retrancher derrière les mots annos discretionis
et épiloguer là-dessus. Mais, si l’on est sincère, il faut reconnaître que
l’expression latine est exactement traduite par « âge de raison », c’est-à-dire
« âge auquel l’enfant distingue le bien du mal », « âge auquel on jouit de la
raison ». L’étude philologique des deux mots donne ce sens, et l’auteur du
commentaire anticipé le montre abondamment. Il y a, d’ailleurs, d’autres motifs
de traduire ainsi. Le Concile de Trente unifie l’annos discretionis avec l’usum
rationis. Au chapitre quatrième de la vingt et unième session, le Concile, parlant
des fidèles exceptés du précepte pascal, S’exprime ainsi: … Parvulos usu rationis
carentes, nulla obligari necessitate ad sacramentam Eucharistiae … Et le quatrième
canon, qui n’a d’autre but que la sanction du quatrième chapitre, parle
seulement de l’annos discretionis.
Les deux expressions s’éclairent donc bien l’une par l’autre. Le Catéchisme,
expliquant la même doctrine, emploie toujours les termes usum rationis, qui
répondent à l’annos discretionis.
Il est inutile de pousser plus avant cette étude de textes. Toutefois,
constatons que le Concile de Trente, n’obligeant pas au précepte pascal ceux qui
n’ont pas l’usage de raison, y oblige tous les autres.
Or, il n’est personne pour nier que l’enfant ait cet usage vers les 7 ans. Et alors
la conclusion découle des prémisses. « La loi d’âge fixe » à souche janséniste «
ne serait donc pas née si
la France chrétienne avait toujours été fidèle au devoir car , c’en est un imposé
par saint Pie V de prêcher le Catéchisme du Concile de Trente », dans lequel il
est dit « Le Concile de Latran a commandé que tous les fidèles reçussent le
Corps sacré du Seigneur, au moins une fois l’an, à Pâques », exceptant toutefois
« ceux qui, à cause de la faiblesse de leur âge, n’ont pas encore l’usage de la
raison … » Ce qui est encore plus fort et devrait donner à penser, c’est l’anathème
fulminé par le Concile de Trente contre ceux qui nieraient une telle obligation.
(XIII’ ses., 9* c.) En quoi l’Eglise ne fait qu’appliquer les paroles de l’Evangile
«Si vous ne mangez la chair du Fils de Dieu … vous n’aurez pas la vie en vous.»
Les théologiens catholiques sont du même avis. S’il s’en trouve un ou
deux pour faire quelques concessions au préjugé courant, cela n’infirme en rien
cet unanime consensus theologorum.
Saint Antonin semble avoir prévu « les règles d’âge fixe », « queue de la
bête janséniste », quand il déclare que l’on pèche grièvement en éloignant de la
Table Sainte les enfants ayant l’usage de la raison, « sous prétexte qu’ils sont
petits » ou que « ce n’est pas l’usage du pays ». Vesquez, Lugo, Tolet, Sanchez
sont d’accord « Il ne paraît pas possible de fixer un jour, un mois, une année
pour tous. » Saint Thomas avait déjà affirmé que « dès que les enfants
commencent à jouir un peu de la raison, assez pour qu’ils puissent concevoir la
dévotion de ce sacrement, alors on peut le leur donner ». La liste s’allonge, et
les citations accumulées montrent combien est solide la thèse de l’abbé Sibeud,
définitivement consacrée par Pie X.
D’autre part, les objections pleuvent dru comme grêle mais l’auteur ne se
laisse pas intimider pour autant « Comment, lui dit-on, rendre les enfants
aussitôt prêts à bien communier qu’ils sont effectivement raisonnables ? » Il n’a
pas de peine à répondre que ce sera en commençant « dès l’âge le plus tendre
l’éducation chrétienne des enfants ». Ce rôle incombe au prêtre sans doute, mais
aussi et tout d’abord à la famille. Il faut donc que la mère se penche sur cette
petite tête et lui inspire des idées pieuses, qu’elle prenne ce coeur si malléable et
lui insuffle graduellement l’amour du divin sacrement qu’au besoin elle corrige
ses défauts qu’elle oriente enfin cette âme vers la dévotion. C’est une oeuvre
sublime et consolante que celle-là: former une âme d’enfant, la préparer à
recevoir l’Eucharistie ! Que les mères chrétiennes l’entreprennent. L’enfant
« greffera ainsi sa Première Communion sur la grâce du baptême ».
Qu’on n’objecte pas que l’enfant, au moment où il jouit de sa raison, « ne
connaît pas l’Eucharistie, ne croit pas fermement à la présence réelle ».
L’expérience prouve le contraire. Et enfin, le Concile de Trente enseigne que
pour communier avec le respect nécessaire et suffisant, il « faut et il suffit de le
faire avec l’état de grâce. Or, l’état de grâce n’est-il pas d’autant plus assuré que
la jouissance de la raison est plus récente ? »
Mais qui donc décidera « à quel âge on doit donner les saints mystères
aux enfants » ? Le Catéchisme Romain répond « Leur père et le prêtre à qui ils
confessent leurs péchés. » Là-dessus, on se récrie c’est donc, en définitive,
l’arbitraire de ce « jury canonique » qui décide. Et s’il lui plaît de retarder l’âge
de la communion à 12 ans ou même 14, là! Or, l’évêque est supérieur du père et
du prêtre. Il peut donc fixer cette limite.
Tout doux le « jury canonique » n’a pas à établir de limite, puisque
justement on ne doit pas en mettre. Il est simplement « chargé de constater
l’entrée en jouissance de la raison aussitôt qu’elle se réalise ». Il est juge, il
applique une loi; s’il transforme la loi ou en fait une autre, il outrepasse ses
droits. Et quant aux données du jugement à porter, le confesseur de l’enfant n’en
manquera sûrement pas, pour peu qu’il l’observe. Mille détails de la vie de son
petit pénitent lui en révèleront les dispositions intérieures.
L’abbé Sibeud n’hésite pas à poursuivre l’adversaire jusque dans ses
derniers retranchements. Il a l’argument clair, précis, et donne des coups qui
portent. Un courage tout apostolique qui ne craint pas de heurter de front des
idées enracinées, une piété ardente jointe à une juste interprétation des lois
de l’Eglise font vraiment de ce prêtre un « précurseur » du Décret Quam
singulari. S’il lui avait été donné de vivre aujourd’hui, avec quel enthousiasme il
aurait accueilli la mesure du Pape actuel ! Ame eucharistique, il a vu clair
quand il a dit que les âmes mouraient de faim. Nous conclurons, citant de lui
cette remarque dont on reconnaîtra bientôt la justesse « Si la France chrétienne
se meurt, les délais anticanoniques pour la Première Communion suffisent pour
expliquer sa mort. Elle serait certainement pleine de vie, si la loi d’âge moral
divine et canonique avait toujours présidé à la formation des jeunes fidèles. »
Et c’est pourquoi nous bénissons le Décret de Pie X.
G. FAUGERES
La Croix (1880) Groupe Bayard. Auteur du texte. La Croix (1880). 1910/09/251910/09/26.
Sibeud, F.: La loi d’âge pour la première communion. Commentaire historique, théologique et pastoral du décret “Quam singulari Christus amore” (8 août 1910). Paris, Téqui, 1910.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France