Aller au contenu

Le drapeau révolutionnaire

    LE DRAPEAU REVOLUTIONNAIRE de BEAUREGARD BARET (exposé à la mairie à Meymans)
             drapeau_1789.jpg         

    En 1988, les fêtes du bicentenaire de la révolution française étaient annoncées.
    Les responsables municipaux locaux s’étaient aperçus que, parmi le stock de drapeaux entreposés au grenier de la mairie, il y en avait un datant de cette période. Ils le présentèrent à différents historiens et débuta l’histoire récente du « drapeau révolutionnaire de Beauregard » inscrit à l’inventaire des monuments historiques sous cette appellation. 

    Un peu d’histoire tout d’abord :
     
    Jusqu’en 1788, le drapeau français était un étendard blanc à fleur de lys symbolisant la royauté. Chaque régiment, chaque province, chaque ville possédait un drapeau différent.
     
    C’est la révolution française qui va instaurer le drapeau tricolore :
             En juillet 1789, peu de temps avant la prise de la bastille, une milice est créée à Paris dans le cadre de l’effervescence ambiante. Les miliciens portent une cocarde bicolore,
    composée des couleurs traditionnelles de Paris, le bleu et le rouge.
             Le 17 juillet 1789, LOUIS XVI inspecte la garde nationale de Paris, et pour calmer la foule, porte la cocarde bicolore.
             A cette cérémonie, LAFAYETTE commandant de la garde royale, ajoute le blanc de la royauté.
             Ainsi, dans les premiers temps de la révolution, les trois couleurs sont initialement réunies sous la forme d’une cocarde.
     
    Pour bien ancrer l’idée de nation, un décret du 27 Pluviose an II (15 février 1794) indique « le pavillon et le drapeau national sera formé de trois couleurs nationales disposées
    en trois bandes égales de manière que le bleu soit attaché à la garde du pavillon, le blanc au milieu, et le rouge flottant ».
     
    De 1815 à 1848, la restauration rétablira le drapeau blanc à fleur de lys, emblème de la royauté. On voit fleurir de nombreux autres étendards, en particulier rouges,
    couleur du peuple, lors des manifestations. La révolution de 1848, rétablissant la république, choisit le drapeau tricolore qui s’impose peu à peu.
     
    A partir de 1946 la constitution française indique, dans son article 2, que l’emblème national est le drapeau tricolore.
     
     
     
     
    Revenons à notre « drapeau révolutionnaire ».
     
    La création des gardes nationales en 1789 mettait en place dans chaque village, voire chaque paroisse, une troupe, composée de citoyens désignés par le peuple,
    chargée de maintenir l’ordre et de fournir des « volontaires » pour les armées, d’abord royales, puis républicaines.
     
    Comme les armées avaient leurs étendards, les gardes nationales avaient leurs drapeaux :
    Celui de la garde nationale de Jaillans (qui à cette époque, faisait partie de la commune de Beauregard) a traversé les siècles, bien rangé au grenier de la mairie :
     
    Il a été expertisé par deux experts nationaux (Monsieur RIGONDAUD, Directeur du Musée de la légion d’honneur à Paris et Monsieur BRUNET, Président du groupe d’étude
    et de recherche Révolution – Empire) à la demande de la D.R.A.C. (Direction Régionale des Affaires Culturelles).
     
    Le rapport, qui justifie l’inscription au répertoire des monuments historiques commence par : « Alors là, cher ami, chapeau ! c’est une grande découverte que vous avez fait là … ».
     
    Pourquoi cet engouement :
    C’est, en France, un des deux seuls drapeaux restants qui fait à la fois référence au roi et à la nation, et qui comprend une croix blanche, avec deux carrés bleus et deux rouges,
    ce qui a permis de la dater entre décembre 1790 et avril 1792.
     
    Il porte, peint sur de la soie,
             les emblèmes royaux (fleur de lys et couronne royale)
             l’emblème du Dauphiné,
             et différents dessins montrant qu’il a été conçu dans un groupe paramilitaire : canons, obus, tambours et différents drapeaux de régiments.
     
    Plus tard, sans doute, en 1792 ou 1793, période où les communes prirent des délibérations de haine à la royauté, des carrés bleus ont été cousus sur les fleurs de lys…
     
    Sa restauration, décidée par la D.R.A.C. suivant les directives des experts, a été confiée à Madame GIRAUD-KURTZEMAN, spécialiste habitant Orange.
     
    Dans un premier temps, le conseil général refusa d’octroyer une subvention pour cette restauration, nous renvoyant au Comité de Célébration du Bicentenaire de la Révolution Française. Le conseil de l’époque, pour obtenir cette aide indispensable à un niveau suffisant, fit du « chantage » en annonçant qu’elle allait le vendre à un américain qui en
    donnait 300.000 francs ! Le lendemain, le Président PIC prévenait le maire qu’il subventionnait la réfection et le cadre à hauteur de 80% des 25.000 francs de la facture.
     
    Ce drapeau, trop peu connu des habitants de la commune, est exposé dans la salle d’honneur de la mairie. Il est un témoignage important sur cette époque troublée…
     
     
                  Dossier réalisé par Mr André REYNAUD (ancien Maire de Beauregard Baret)

                                            et auteur du livre “Beauregard Autrefois